lundi 13 mai 2013

Certaines n'avaient jamais vu la mer



Roman singulier écrit à la première personne du pluriel, qui retrace la vie des japonaises promises en mariage à leurs compatriotes ayant fuit le pays pour la terre promise : les Etats-Unis. Du début du siècle dernier jusqu'à la seconde guerre mondiale, l'auteure donne vie à ces femmes qui ont tout quitté pour des contrées qu'elles avaient idéalisées mais qui se sont révélées hostiles. De leur arrivée en bateau jusqu'aux tragiques événements qui les ont touchées dans les années 40, ces femmes racontent leur quotidien : leur première nuit avec leur époux, leur relation avec les blancs, le travail de la terre sans jamais aucune reconnaissance, le regard de leurs enfants qui "s'américanisent" bien plus facilement qu'elles...

Portraits croisés, destins souvent tragiques, souffrances, peines et petites joies sont décrits de manière vivante. Qu'elles soient au service des Américains ou propriétaires d'une petite blanchisserie dans le quartier japonais, qu'elles passent leurs journées le dos courbé à arracher de mauvaises herbes ou qu'elles fassent le trottoir, Julie Otsuka rend hommage à toutes celles qui n'ont fini par rêver d'une seule chose : rentrer chez elles.

Un jour, nous étions-nous promis à nous-mêmes, nous partirions. Nous travaillerions dur afin d'économiser assez d'argent pour aller ailleurs. En Argentine, peut-être. Ou au Mexique. A São Paulo, au Brésil. A Harbin en Mandchourie, où d'après nos maris un Japonais pouvait vivre comme un prince. [...] Nous pourrions tout recommencer. Ouvrir notre propre étal de fruits. Notre compagnie commerciale. Notre hôtel de première classe. Nous planterions une ceriseraie. [...] Et quand nous aurions mis de côté assez d'argent pour aider nos parents à mener une vie plus confortable, nous ferions nos bagages et retournerions au Japon. [...] Nos mères seraient assises auprès du puits, leurs manches attachées, à nettoyer le riz du soir. En nous voyant elles se contenteraient de se lever et de nous regarder. "Ma petite fille, nous diraient-elles, où étais-tu donc passée ?"

Un très beau roman, traînant parfois en longueur mais présentant à travers de courtes tranches de vie l'Histoire de cette population japonaise et évoquant avec beaucoup de puissance les sentiments, les sensations, les émotions de ces femmes.

9 commentaires:

  1. Ca fait envie ; c'est celui-là dont tu me parlais ?

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  2. Un jour peut-être, je te l'emprunterai.

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    1. Comme la plupart des livres que je lis, il n'est pas à moi !

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  3. Il me tente bien aussi. Je le demanderai à la bibliothèque.

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  4. Compte rendu du livre appétissant.
    Je remarque qu'on parle souvent des livres comme des plats : j'aime, j'aime pas, ça fait envie, alléchant,...
    Bizarre !

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  5. je viens de le terminer et j'ai beaucoup aimé

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